CHICCO ET QUIETO​

Pour vous parler de la communication animale et de ce qu'elle permet, avec toujours pour objectif de servir le bien-être animal, et non pas de l'asservir, j'avais envie de vous raconter aujourd'hui l'histoire de Quieto et Chicco. Aussi en hommage à Quieto, parti le 10 janvier 2018.

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Ce beau cheval lusitanien de 22 ans et le bel âne Grand Noir du Berry de 7 ans, je les ai rencontrés en accompagnant une amie à une visite immobilière. Ils étaient là, dans le pré, et sont venus nous dire bonjour spontanément.

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EUTHANASIE...

En discutant avec les propriétaires, et leur demandant ce qu'ils allaient faire des deux compères, avant même d'avoir reçu leur réponse, mon amie a entendu Quieto dire "Euthanasie". Effarée, elle a lancé: "Vous allez euthanasier le cheval?" Et les propriétaires, visiblement gênés ont acquiescé, en disant qu'il était imprévisible, avait peur de tout, était inmontable et n'était pas en bonne santé, car il aurait des problèmes de dos. Quant à l'âne, ils comptaient le placer - probablement le vendre. En même temps, Chicco nous dit que Quieto et lui étaient inséparables, que c'était lui, Chicco qui le faisait survivre... 
Nous nous sommes regardées avec mon amie, et comprises de suite... il fallait qu'on adopte ces deux beaux animaux! Bien sûr, nous leur avons demandé s'ils étaient d'accord. Et ce fut un grand OUI. 
Les propriétaires furent de suite d'accord, eux aussi - pensez, cela leur faisait un souci, et des frais, en moins.

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BIENVENUS CHEZ NOUS

Peu après, c'était en août – il fallait faire vite, car tous deux montraient des signes de négligence évidents, dont pour ce qui était visible des sabots pas du tout parés depuis longtemps... – nous avons trouvé une place en pension pour eux. Et le jour où nous sommes venus les chercher, ils sont montés dans le van (photo) sans problème, eux qui n'avaient pas été déplacés depuis des années. Notamment Chicco qui avait à peine quelques semaines lorsqu'il était monté dans un van! 
Arrivés dans leur nouvelle maison, ils se sont de suite sentis à l'aise, galopant et se roulant parterre joyeusement! Quel beau cadeau!
Ce qui fut beau à vivre également, c'est leur plaisir de voir d'autres chevaux, ceux de la pension, de les côtoyer en voisins de box et de pré. Pour Chicco surtout, ce fut une découverte: il existait d'autres chevaux, lui qui n'en connaissait qu'un seul.

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Lorsque je venais les trouver, deux fois par jour, j'étais toujours joyeusement accueillie - ils se précipitaient vers moi. Quieto, qui portait bien son nom, était très calme, doux et docile. En promenade, à pied, il découvrait son nouvel environnement sans crainte – lui qui était censé avoir peur des voitures et leur foncer dessus, notamment...

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PROBLEMES DE SANTE ET NEGLIGENCES

Mais nous avons aussi découvert à quel point tous deux étaient négligés. Quieto (photo) avait ainsi une gale de boue, la mâchoire de travers, n'ayant jamais vu de dentiste - et donc des difficultés à manger, et surtout, une fourbure chronique des deux pieds avant, très douloureuses à la marche sur sol dur, qui n'avaient pas été parés depuis très longtemps! Grâce à des fers orthopédiques, nous lui avons rendu la marche non douloureuse.

Chicco, plus jeune et résistant, n'avait heureusement que des sabots négligés, que plusieurs séances de parage ont progressivement fait retrouver leur forme et aspect normaux. Mais non sans mal, car Chicco se laissait toucher, mais pas partout, loin de là. Il avait manifestement reçu des coups, car quand il voyait approcher une main, il avait un mouvement de recul. Quant au maréchal ferrant, il n'a pu faire son travail que grâce à une sédation - impossible de lui prendre les pieds arrière sans risquer un coup de sabot - puissant. L'ostéopathe, qui a soigné les deux, a su y faire même avec Chicco, qui sentait qu'elle lui faisait du bien, malgré quelques mouvements de sabots...

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UN VIGOUREUX ETALON NON EDUQUE

Et, en bon étalon, dès le début, il tenta de s'échapper, déchira à plusieurs reprises sa longe et même une chaîne, et nous bouscula lorsque nous l'emmenions au pré, et tenta d'attaquer les chevaux mâles. Car de la force, il en a! 
Il apparût rapidement que ce bel âne n'avait pas reçu la moindre éducation, et se laissait juste mettre un licol. A l'attache, il faisait tout pour déchirer sa corde - j'ai mené de belles batailles physiques, mais en douceur, avec cet animal intelligent, et venais tous les jours pour le sortir et le rentrer du pré, afin d'éviter que ce soient les responsables de l'écurie qui risquent d'être blessées. Pourtant, et par chance, au fond, c'est un animal profondément gentil.

Quoi qu'il en soit, un étalon, de surcroît non éduqué, c'est un danger potentiel: il suffit d'une jument en chaleur pour qu'il devienne quasi impossible à retenir. Face à ce risque, et pour lui enlever son comportement d'étalon, il fut rapidement décidé de le faire castrer, et de trouver un spécialiste des ânes pour l'apprivoiser et l'éduquer. Par chance, j'ai trouvé les coordonnées de Jean-Luc Mayor, un super éducateur éthologique! 
Avant la castration, j'ai expliqué à Chicco ce qu'on allait lui faire, et promis qu'il aura bientôt aussi une copine ânesse. Idée qui lui plût, plus que celle de la castration..., et bien qu'il souligna qu'il lui fallait toujours son copain Quieto. Et l'intervention s'est très bien passée – j'y ai assistée, encore une première, et bien supporté... – une heure après il mangeait au pré, et la cicatrisation s'est faite sans problème.

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LA VIE EST BELLE

En cinq mois, nos deux amis se sont de plus en plus épanouis dans leur nouveau lieu de vie, et Chicco n'a cessé de faire des progrès rapides grâce aux cours bihebdomadaires avec Jean-Luc. Mais aussi grâce aux bons soins par les responsables de l'écurie, qui savaient le prendre, l'amadouer et l'éduquer aussi.
Quieto, trop gros à son arrivé, avait perdu du poids et ses pieds allaient mieux, son corps retrouvé un équilibre.

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LE CHOC

Ce fut donc un énorme choc, lorsqu'un soir, j'ai été appelée d'urgence à l'écurie car Quieto faisait une colique. Lui, mon premier cheval, que j'avais tant désiré depuis l'enfance!
Bien que le vétérinaire soit arrivé rapidement, et que nous ayons emmené très vite mon beau cheval au Tierspital, il fut impossible de le sauver. Un lipôme, tumeur bénine impossible à détecter sans imagerie médicale, s'était enroulée autour de son intestin, qui était déjà mort en quelques heures...

La mort dans l'âme, mais sans hésiter, j'ai dit à la vétérinaire de mettre fin à ses souffrances de suite.
Jamais je ne pourrai oublier son dernier regard quand il a été présédaté. Il savait, il n'en pouvait plus, et il me remerciait. Je suis restée tout près de lui jusqu'au bout, c'est heureusement allé très vite. Outre la douleur que j'ai ressentie, il était très impressionnant de voir mourir un si grand animal - ce fut la première fois pour moi.

Je tiens à dire encore merci au Tierspital, très humain et dont les collaborateurs, tout comme la responsable de notre écurie, étaient en pleurs aussi. Ils m'ont même envoyé une lettre de condoléances par la suite, et proposé de les appeler si j'avais encore des questions!

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LE DEUIL DE CHICCO

Il fallait maintenant s'occuper de Chicco, resté seul au box. Lorsque nous avions sorti Quieto pour l'emmener à Berne, j'ai dû lutter avec l'âne, paniqué de voir son copain partir. Il avait failli me passer dessus et c'est avec un sursaut de force insoupçonnée que j'ai pu le faire rentrer dans son box. Ce n'est qu'après, une fois le choc passé, que j'ai réalisé que j'avais omis de lui dire qu'on emmenait son copain chez le vétérinaire. Terrible erreur, car Chicco pensait qu'on l'avait ramené à son ancien lieu de vie...
Lui qui n'avait jamais été seul, jamais sans son papa de Quieto, était nerveux, surexcité, et abattu. Si bien que le lendemain matin, nous l'avons d'abord mis avec un petit poney - qui ne l'intéressait guère.

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De suite, il fut décidé qu'il fallait faire une communication avec Chicco - j'en étais pas capable moi-même vu les circonstances, et vu qu'il est plus difficile pour un propriétaire de parler avec son propre animal. J'ai donc demandé à Vanna Tati, interprète animalier hors pair, de parler avec lui d'urgence. Ce qu'elle fit. 
Je profite ici de rappeler que, moins on donne d'informations sur l'animal, mieux c'est - c'est en effet le meilleur moyen de savoir si un communicateur est sérieux ou s'il ne se contente pas de broder... Cela grâce à des éléments objectifs de validation qu'il doit vous donner: lieux de vie, environnement, description du propriétaire, des autres animaux et humains qui l'entourent, historique, etc.

Vanna Tati savait donc uniquement que Quieto était mort et qu'il avait laissé derrière lui un copain âne avec lequel je voulais qu'elle communique. Quant elle me restitua la conversation, il apparût donc que Chicco pensait que Quieto avait été ramené chez l'ancien propriétaire, ce qui l'horrifiait. Et même si le décès de Quieto fut un choc pour lui, il en fut apaisé lorsque Vanna le lui expliqua. Il raconta à la communicatrice comment était sa vie d'avant, les mauvais traitements, et aussi le fait que Quieto avait de la peine à manger à cause de ses dents de travers, et qu'il lui laissait exprès les brindilles les plus tendres...

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LE MESSAGE DE QUIETO

Mais c'est surtout Quieto qui s'est adressé à Vanna Tati. Car oui, on peut converser aussi avec des animaux décédés. Pour preuve, là aussi, des éléments de validation très objectifs. La première chose que mon cheval dit ainsi fut, que nous l'avions sauvé in extremis - ce qui était le cas, puisqu'il était destiné à l'euthanasie dès que la maison de l'ancien propriétaire serait vendue - la communicatrice l'ignorait. Il parla ainsi de la vie d'incertitude menée depuis de longs mois avant, ne sachant quand son sort serait scellé, quand la vente aurait lieu... Une incertitude terriblement stressante.

Et il raconta à quel point il fut malheureux de voir arriver, sept ans plus tôt, ce bébé âne à l'endroit où il vivait, car il savait que ses conditions de vie seraient difficiles. Il décida alors de compenser cela en lui donnant le plus d'affection possible - et cette affection, devenue réciproque – ne l'a jamais quitté. 
Il dit aussi a quel point il nous remerciait de les avoir sortis de là, qu'il avait trouvé le bonheur et que maintenant il était heureux, paisible, pas triste d'être parti. Et qu'il allait rester – son esprit – avec Chicco un moment, pour l'aider à faire son deuil.

Chicco, a qui j'avais demandé s'il voulait un copain âne, a dit que pour l'instant il lui suffisait d'avoir ces moments d'esprit à esprit avec Quieto. Et j'ai vraiment vu et senti quand il était là. Chicco se tenait dans une position tout à fait inhabituelle, immobile pendant de longues minutes, intériorisé et plus du tout conscient de son environnement. Quel beau dernier cadeau de Quieto! Car c'est très rapidement que Chicco se calma, que sa tristesse diminua, et qu'il a été possible de le mettre carrément au pré avec d'autres chevaux, dont mon Vince, devenu son meilleur pote!

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LA TRANSFORMATION

A le voir évoluer aujourd'hui, on a peine à croire que neuf mois plus tôt c'était un âne à moitié sauvage. Aujourd'hui, Chicco est juste adorable, adore les câlins - on s'en fait de longues séances tous les jours - et on peut aller le promener au village et dans les près sans qu'il tente de s'enfuir - il adore d'ailleurs ces promenades.

Grâce au travail d'éducation, qui continue, aussi de la part des responsables de l'écurie, on peut depuis quelques semaines lui toucher et tenir les pieds notamment! On n'aura donc plus besoin de le sédater pour parer ses sabots!
Et je découvre tous les jours l'intelligence et la sensibilité de ce bel animal. Il ressent toutes les émotions des humains qui l'entourent, et a une âme de guérisseur ce que les gens en difficulté ressentent. Car d'autres que moi font des séances de câlins avec lui, des moments apaisants et bienfaisants à leurs dires.

Notre relation évolue sans cesse, et je sais qu'on vivra encore plein de moments inattendus et joyeux avec Chicco.

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Quieto me manque encore, je suis encore triste, m'attends même des fois à le voir dans le pré en arrivant à l'écurie, mais je sais que son esprit sera toujours là.

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POUR LES SCEPTIQUES

Quant aux sceptiques – je peux si bien les comprendre, car je le fus aussi avant de faire un premier cours de découverte de la communication animale, il y a une dizaine d'années bientôt – je leur recommande la lecture d'un très beau livre de Penelope Smith, pionnière américaine de la communication animale: "Les animaux ne meurent pas", et également cette très belle vidéo reportage sur le travail d'une communicatrice sud-africaine, Anna Breytenbach, licenciée en psychologie et en économie, qui montre les preuves irréfutables de la possibilité de cette communication de coeur à coeur, d'âme à âme. 

Ellen Weigand Ihl, avril 2018

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